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Itinéraires
Jean-Yves Petiteau
Chercheur associé au Laua. Ingénieur d’étude C.N.R.S, UMR Ambiance Architecturale et Urbaine 1563, Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’Environnement Urbain (CRESSON). Docteur en Aménagement.
A partir d’observations concernant les agencements théoriques et méthodologiques entre Art et aménagement, mes recherches portent plus précisément depuis trois ans sur “Art et Anthropologieâ€, qu’il s’agisse de la mise en oeuvre ou de la mise en scène dans l’espace public.
Les rapports entre la marche et le concept habiter sont au centre de ce travail et sur le champ méthodologique ; Je travaille en collaboration avec d’autres chercheurs et artistes sur les rapports entre image et récit.
Organisation d'un séminaire “La marche†pour le CRESSON en 2005-2006
Participation à un colloque à Cerisy (2006) intitulé : intervention personnelle (avec Emmanuelle Chérel) “Les territoires de l’habiterâ€
Initiation à la méthode et réalisation des itinéraires:
A – Le premier temps a été celui d’une présentation générale de la démarche :
- La méthode
- Sa raison d’être
- Ce qu’elle fait apparaître
Cette conférence a été suivie d’une présentation d’itinéraires réalisés auprès de populations spécifques (Dockers de Nantes, habitants de diférents lieux, riverains de l’estuaire de la Loire)… Artistes, architectes, Élus…
Cette présentation a insisté sur la réalisation d’itinéraires d’artistes ou réalisés avec des artistes (Raymond Hains, Fabrice Hybert, Michel le Touzé, alias David Ryan, Jacques de la Villeglé, Pierrick Sorin. Henri Gaudin…)
Des itinéraires réalisés en collaboration avec des artistes : itinéraires réalisés avec Dominique Leroy, avec Gilles Saussier, Photographe.
Le flm « Itinéraire de Jean-Bricard par Jean-Yves Petiteau » de Jean-Marie Straub a été également présenté. (Deux séances de trois heures)
B - Le second temps a été celui de l’apprentissage de la réalisation des entretiens non-directifs enregistrés. Soit deux séances.
- (L’une concernant la présentation du protocole et les premières expériences).
- La seconde concernant l’écoute et la correction des entretiens d’une heure environ, réalisés par les étudiants.
C - Le troisième temps a été une phase d’initiation à la recherche
Ecouter l'autre, la ville en écho
La démarche proposée est celle d’une immersion in-situ dans un
territoire de la ville du Mans à l’écoute d’une personne qui nous
initie à la perception sonore d’un espace public ou privé de la ville.
Cette perception repose sur une double relation à l’écoute :
1- Une’écoute de personnes habitant le territoire retenu comme
sujet d’étude, poursuivant au cours d’un itinéraire enregistré, la quête
des sons, des bruits, des mots qui hantent leur mémoire émotionnelle .
-Nous n’attendons pas de cette exploration, une vérification de
leur mémoire, mais, grâce à la mobilisation de cette démarche, la
résurgence de leur « mémoire au présent » soit la reconnaissance, au fil
de ce repérage, d’échos sonores qui font revivre des situations
oubliées.
2-Une « prise de sons » tout au long de la mise en scène de ce
parcours, des manifestations sonores , quelle que soit leur intensité ou
leur qualité, qui jalonnent ce parcours.
Soit l’écoute et la collecte , en contrepoint, de la parole de
celui qui tente d’identifier au présent, les sons qui mobilisent sa
mémoire, des « bruits » de la ville, quelle qu’en soit la qualité ou
l’intensité
Ce travail repose sur une intuition héritée de l’opéra, il nous
semble que le fait de chanter mobilise celui qui s’exprime sur l’écoute
de la musique qui l’entoure. De même, si dans la ville, l’habitant qui
devient guide, compose un récit ; celui-ci s’articule sur les résonances
ou le silence de la ville.
1- Lors de la journée de l’itinéraire, la personne interviewée
devient guide elle institue un parcours sur un territoire et sa parole
jalonne en le parcourant sa mémoire au présent. L’intervieweur marche Ã
ses côtés et l’écoute. Un photographe témoigne de cette journée en
prenant un cliché à chaque modification de parcours, temps d’arrêt,
variations du mouvement ou changements émotionnels perceptibles, le
dialogue est entièrement enregistré. Ce dispositif ritualise la journée,
l’équipe est repérable, l’expérience sera unique et non reproductible,
Quelque chose d’explicite va se livrer dans l’instant. Il s’agit bien
d’un rituel qui repose sur l’initiation du chercheur. Le parcours n’est
pas seulement le déplacement sur le territoire de l’autre, c’est en même
temps un déplacement sur son univers de références. Le territoire est Ã
la fois celui qui est expérimenté et parcouru dans l’espace-temps de
cette journée, et celui du récit métaphorique. L’interviewé nous livre
en situation une histoire au présent et la mise en scène de cette
journée particulière confère à son récit la portée d’une parabole.
Un itinéraire, c’est après l’enregistrement du récit, sa
transcription intégrale, et son «montage», en respectant sa langue et sa
chronologie; un travail d’écoute et de repérage, en résonance avec la
sensibilité de celui qui écoute . C’est pourquoi la pluralité des
auditeurs et le relevé des différents «échos» pour agencer les
articulations du récit permet d’échapper à la subjectivité d’un
interlocuteur unique, enfermé dans son rapport transférentiel.
Le récit de « l’habitant devenu guide » n’est pas un simple
témoignage, mais comme lors du repérage d’un film, un relevé qui fait
surgir aux yeux du lecteur, des instants, des rencontres, des émotions
inattendues.
L’enregistrement parallèle, dans une même chronologie, de la
ville en écho, et de la parole habitante, doit permettre un travail
approfondi sur l’articulation de la perception et de la production
sonore.
Ces matériaux seront en second temps ; la matière d’un travail d’analyse ou de composition.
Projet de Marine Dubois